La transcriptase inverse

La transcriptase inverse est une protéine enzymatique qui impose à l’ADN une information provenant d’un ARN. En 1970, elle fut découverte aux USA par Howard Temin, chez un virus ayant un ARN comme génome (1). Ce fut un choc car l’information était censée n’être détenue que par un ADN et, en aucun cas un ARN. Cependant cela semblait ne concerner que la biologie des virus, déjà par elle-même un domaine peu orthodoxe comparé à la biologie cellulaire. Déjà depuis plus d’un an, Mirko Beljanski publiait divers papiers montrant l’existence chez les bactéries d’ARN n’étant pas la copie de l’ADN ou encore d’ARN capables de transformer d’autres bactéries. Cela ne pouvait se comprendre que si une transcriptase, encore inconnue chez les bactéries, existait. Ces recherches étaient très mal perçues par une communauté scientifique qui n’admettait l’information que dans l’ADN. Le directeur de l’Institut Pasteur, Jacques Monod, faisait tout pour empêcher Beljanski d’avancer et de publier. En effet J. Monod adhérait totalement à la théorie fondamentale de la biologie moléculaire stipulant sans exception possible que toute l’information est contenue dans le seul ADN, ce que Francis Crick lui même nomma «Le Dogme Central» (2). Dans le livre très médiatique que Jacques Monod publia «Le Hasard et la Nécessité» (Ed. Le Seuil, 1970) il affirmait p.124: « Il n’est ni observé ni d’ailleurs concevable, que l’information soit jamais transférée dans le sens inverse » c’est-à-dire de l’ARN vers l’ADN. Dans un tel climat, pour valider ses recherches non conformes à ce dogme, Mirko devait isoler la transcriptase inverse chez les bactéries. Ce qu’il fit en 1972 (3) mais  cela fut perçu comme une offense personnelle faite à Monod . Les articles de M. Beljanski, provenant de son propre service, l’exaspéraient au plus haut point. Pour cela, il rendit la vie de Beljanski fort difficile. Sans tous ces freins mis sur cette découverte, Mirko Beljanski eut été le tout premier car ses travaux des années 1970 à 1972, déjà ne pouvaient se comprendre que si une transcriptase inverse imposait au génome bactérien (ADN) une information provenant d’un ARN. L’existence de transcriptase inverse est parfaitement admise de nos jours. Mais Monod réussit à l’étouffer de telle sorte qu’il fallut attendre 17 ans pour qu’officiellement H.Temin reconnaisse à Beljanski la paternité de cette enzyme bactérienne dans une rétrocitation parue dans la revue Nature (4).  
REFERENCES (1)  H.Temin Nature 226 : 1211-3 (1970) (2) Nature 227 (5258): 561-3 (1970). (3) BELJANSKI,“Synthèse in vitro de l’ADN sur une matrice d’ARN par une transcriptase d’Escherichia coli“ M.Beljanski C.R.Acad Sci 1972, 274 :2801-2804(série D) (4)  H.Temin Nature 342 (1989) p.242).