Des Plantes, des Souris et des Hommes 

Introduction par Monique Beljanski

Madame Liliane Le Goff (Dr ès science d’Etat) est une spécialiste des plantes. Elle a travaillé plus de 26 ans avec Mirko Beljanski, publié de nombreux articles avec lui sur l’induction et le développement des cancers chez les végétaux. Ces recherches montrent l’extraordinaire unité du monde vivant. Elles ont été déterminantes dans l’évolution des conceptions, et la mise au point de molécules anticancéreuses qui font maintenant la renommée des produits Beljanski. Au-delà d’un vocabulaire scientifique qui peut gêner le lecteur profane, il faut faire l’effort de suivre le fil qui, nous espérons, modifiera votre vision de cette maladie et vous consolidera dans la conviction qu’une connaissance approfondie de ses divers aspects permet d’en maîtriser l’évolution.

Des Plantes, des Souris et des Hommes

 
Liliane Le Goff, Ingénieur CNRS
Dans les années 1970, deux chercheurs de l’Institut Pasteur voulaient comprendre et expliquer le processus et le développement des cancers, l’un travaillait en oncologie végétale, l’autre était biochimiste. Ils ont partagé leurs connaissances réciproques pensant en précurseurs que le cancer était un processus général où l’environnement était impliqué. Ce qui n’était pas admis à cette époque, car selon le dogme, seules les mutations dans l’ADN étaient sensées pouvoir altérer le message de l’ADN, lui-même étant l’unique détenteur de toute information biologique.  En réalité, divers facteurs peuvent perturber des systèmes de régulation conduisant à des transformations tumorales avec une prolifération anarchique échappant au contrôle cellulaire. Les cancers des plantes, comme ceux des animaux, proviennent de cellules ayant subi des modifications qu’elles transmettent en se multipliant à d’autres cellules sans que l’intégrité de leur ADN soit modifié.  L’agent inducteur du crown-gall (tumeur des plantes) est une bactérie du sol Agrobacterium tumefaciens. Suite à une blessure, la bactérie pénètre dans les tissus de la plante et, par un moyen alors inconnu, provoque la transformation des cellules saines environnantes en cellules tumorales dont la croissance et la multiplication donnent lieu à la formation de néoplasmes caractéristiques. Ces tumeurs répondent à trois critères : prolifération indéfinie, multiplication in vitro en milieu sans substance de croissance, transplantation par greffe. C’est ce qui garantit qu’elles sont de nature cancéreuse.  La question se posait depuis longtemps de comprendre le mécanisme par lequel la bactérie induisait ce changement. L’hypothèse d’une possible modification épigénétique était alors totalement iconoclaste et rejetée. Cependant, lorsque nous avons démontré que la transformation était inhibée par la ribonucléase (enzyme destructeur de l’ARN mais qui ne modifie pas l’ADN), le rôle de l’ARN était évident comme principe inducteur de la tumeur. Il fallut plus de 10 ans d’un travail intense et difficile pour que l’idée puisse s’imposer. Les dogmes sont parfois plus persistants que les faits ! Notre travail fut donc de rechercher cet ARN et de comprendre comment il pouvait transformer une cellule saine en cellule tumorale. M. Beljanski a prospecté différentes souches d’ Agrobacterium tumefaciens, virulentes, avirulentes, atténuées, et dans tous les cas, il a découvert un ARN particulier de petite taille lié à l’ ADN polymérase ARN dépendante, autrement dit la transcriptase inverse (enzyme qui transcrit l’ARN en ADN). Il a aussi découvert un autre ARN dit transformant, lui aussi de petite taille, qui une fois introduit dans la bactérie A. tumefaciens lui faisait perdre son pouvoir tumorigène. Ce travail, long et difficile, ouvrait tout un monde de possibilité mais en totale opposition avec le dogme de l’ADN partout imposé et plus particulièrement là où nous travaillions : l’Institut Pasteur. La preuve qu’un ARN pouvait provoquer une transformation génétique stable et héréditaire fut très mal perçue par la communauté scientifique, entièrement tournée vers l’ADN seul que leur esprit autorisait à être capable d’une telle transformation cellulaire. De lourds investissements et perspectives financières sur l’ADN bloquaient toute autre vision. Dans son livre « Le Hasard et la Nécessité », J. Monod (directeur de notre Institut) avait écrit « il n’est pas concevable que l’information soit transférée de l’ARN vers l’ADN », or c’est justement cela que Mirko Beljanski venait de démontrer dans ses travaux. 

Et les ennuis commencèrent pour notre équipe..

Pourquoi des mutants d’A. tumefaciens deviennent-ils incapables d’induire des hyperplasies à prolifération illimitée ? Etait-ce dû à une déficience à élaborer un ARN infectieux ou à le libérer ? Des expériences réalisées in vitro sur des tiges de Datura stramonium ont montré qu’ils synthétisent bien un ARN oncogène mais que pour être actif celui-ci doit être en présence non seulement d’une blessure mais d’une hormone de croissance, l’auxine. Dans ces conditions, les hyperplasies obtenues étaient alors greffables et indépendantes des facteurs de croissance comme le sont les tissus tumoraux. Ce phénomène est déterminant, on le retrouvera dans les cellules animales où l’hormone doit « déstabiliser » la structure de l’ADN pour que la transformation oncogène puisse s’exprimer.  Un ARN n’a pas la même activité biologique qu’il soit intact ou fragmenté par différentes ribonucléases. La longueur du fragment, les nucléotides terminaux et les séquences du segment déterminent son activité. Et cela pointe toute l‘importance des nucléases. Pourquoi alors ne pas imaginer des mécanismes inverses? c’est-à-dire inhiber à l’aide d’autres ARN le développement des cellules tumorales dont la formation est déjà induite. Peut-on arrêter la prolifération anarchique des cellules avec de petits ARN (antitumoraux) se fixant sur l’ADN et ainsi empêcher la formation des tumeurs ? C’est ce que nous avons réalisé. Ainsi, en coupant un ARN par la ribonucléase U2 (au lieu de la ribonucléase pancréatique A), on obtient des petits ARN doués de propriétés complètement différentes. Des expériences faites sur des Pois cultivés in vitro ont montré que certains de ces ARN inhibaient très fortement et même totalement le développement des tumeurs induites par la bactérie sans affecter le développement de la plante. Le retour à l’état normal d’une cellule cancéreuse n’aurait donc rien d’impossible également chez les végétaux in vivo et in vitro.
Capacité oncogène d’un ARN de la bactérie A. tumefaciens après inoculation sur un fragment inversé de tige de Datura cultivé in vitro . C : cal auxinique. P : prolifération tumorale. Tumeur secondaire T après transplantation de la tumeur primaire. Coupe histologique montrant la soudure entre le greffon Gr et le porte-greffe PG.
De longues expériences ont été alors menées pour comprendre ces mécanismes. Ainsi l’ordre des produits intervenant dans ces processus détermine et cerne le rôle que chacun va jouer. Et de fait, si certains ARN pouvaient participer à la cancérisation de la plante d’autres pouvaient arrêter le processus. Beauté de la Biologie. Ces subtilités émerveillaient Mirko Beljanski qui toujours voulait en savoir plus. Le parallélisme entre ce qu’on pouvait observer avec les tissus animaux était complexe mais fascinant. Et mener des études poussées dans ces deux domaines simultanément étaient une source inépuisable d’informations inédites et importantes, tellement riches que nous y mettions toute notre passion. Un monde insoupçonné s’ouvrait à nous, avec de multiples perspectives, et nombreux de nos résultats recoupaient ce que d’autres chercheurs ou nous-mêmes observions dans le monde animal. Tandis que tracasseries et pressions se multipliaient pour nous mettre des bâtons dans les roues…  Le parallélisme entre les végétaux et les mammifères était de plus en plus flagrant. Des tumeurs végétales induites par accoutumance à des privations d’hormones, ressemblaient aux tumeurs des animaux en déséquilibres hormonaux. La compétition entre l’auxine, hormone de croissance, et la kinétine, hormone de division, se retrouvait chez les plantes comme c’était en médecine humaine avec des traitements hormonaux, oestrogènes et progestérone. Il s’imposait que toute cancérisation débute par une déstabilisation de l’ADN, permanente et plus étendue, que lors d’une multiplication ou différenciation cellulaire normale.  La présence d’un cancer dans un organisme, animal ou végétal, se manifeste par l’apparition de marqueurs, qui permettent de suivre l’évolution de la maladie, et qui déstabilisent les ADN cancéreux notamment ceux des tumeurs qu’ils caractérisent. Les cancers des plantes produisent aussi leurs marqueurs. Les tissus de crown-gall synthétisent des opines (octopine, nopaline, lysopine) qui induisent la séparation des chaînes de l’ ADN de la tumeur donc augmentent sa synthèse. En revanche, leur action est très faible sur l’ADN des cellules normales. Comme avec les marqueurs des cancers humains, chaque opine exerce une action privilégiée sur l’ADN des cellules cancéreuses qui la synthétisent. Ces opines déstabilisent aussi l’ADN des souches tumorigènes d’ A. tumefaciens qui est naturellement déstabilisé, celui des mutants non virulents étant normal. Quand les ADN de ces mutants sont incubés en présence d’auxine, celle-ci de par son action déstabilisante, les rend sensibles à l’action des opines. Cela confirme que la virulence de la bactérie est liée à la déstabilisation de son ADN, ce pourquoi certaines souches n’induisent pas de tumeurs sans auxine nécessaire pour l’action de l’ARN oncogène de la bactérie.  Là encore on retrouve un parallélisme saisissant entre le végétal et l’animal. Il a été montré que tous les marqueurs humains, l’AFP ( alpha-foetoprotéine), l’ACE (antigène carcino- embryonnaire), la calcitonine, la ferritine, déstabilisent l’ADN du crown-gall comme ils déstabilisent les ADN-cancer des tissus humains ou animaux. Ils stimulent in vitro comme in vivo la croissance des cellules tumorales de Pois, de Datura, de Tabac et de Vigne-vierge. L’action des marqueurs est au contraire très faible sur l’ADN des tissus sains correspondants. Inversement, les opines « végétales », n’ont aucun effet déstabilisant sur l’ADN des tissus cancéreux de mammifères, ni sur leur développement. 
Monique Beljanski et Liliane Le Goff
Grâce à ces opines, on a pu observer des phénomènes de partielle réversion chez les végétaux. Des morceaux de cambium de Bouleau (tissus sains) peuvent proliférer un certain temps dans un milieu contenant les opines mais sans hormone de croissance. Au temps 0, leur ADN est contracté c’est-à-dire double chaîne fermée, après quelques jours de culture il est relâché c’est-à-dire ouverture de la chaîne. Si alors on remet les explants en culture sur un milieu sans opines l’ADN retrouve sa forme contractée initiale. Ainsi l’induction de la déstabilisation de la double chaîne d’ADN et en conséquence l’augmentation de l’activité de synthèse peuvent être réversibles dans certaines conditions. Il est probable que la présence permanente ou plus longue des opines dans le milieu de culture des tissus sains aboutirait à un phénomène irréversible, on passerait alors d’un état pré-cancéreux à un état cancéreux. Ces études laissaient présager un phénomène réversible de la cancérogenèse chez les plantes, ce que nous n’avons pas eu le temps de mener à bien.  Après avoir constaté que certaines molécules agissent uniquement sur la réplication de l’ADN provenant de tissus sains tandis que d’autres substances stimulent la synthèse de l’ADN de cellules cancéreuses, Mirko Beljanski mit au point l’Oncotest. Ce test permet en quelques heures de détecter l’action d’une substance donnée, végétale ou autre, sur les deux types d’ADN. Il est capable de reconnaître les ADN sains n’ayant sur eux que peu ou pas d’effet ou les ADN déstabilisés (des cellules cancéreuses), alors de s’y fixer et de bloquer leur réplication. Il indique également si un produit, bien que non cancérogène, peut avoir une action toxique ou neutre. L’importance de ce test était considérable. Il aurait pu éviter des drames comme la Thalidomide ou le Distilbène pour ne citer que les deux plus connus. Mais lorsque Mirko Beljanski le présenta à des responsables des industries pharmaceutiques, ceux-ci dirent crûment que cela ne les intéressaient pas. Ce test suscita des réactions hostiles invraisemblables chez la plupart de nos collègues. C’est un euphémisme que de dire que ces recherches étaient mal vues.  Mais ce test fut un outil de travail extraordinaire pour découvrir des potentiels très importants : des anticancéreux spécifiques d’origine végétale, comme les alcaloïdes extraits de Pao pereira (arbre d’Amérique du sud) et de Rauwolfia vomitoria (plante africaine).  Le premier produit sélectivement anticancéreux détecté par l’Oncotest fut la flavopéreirine (ancien PB100), le second est l’alstonine (ancien BG8). Ces alcaloïdes, une fois isolés et purifiés inhibaient in vitro la synthèse des ADN cancéreux sans affecter celle des ADN normaux et pouvaient contrecarrer l’effet déstabilisant des cancérogènes, ce qui veut dire que des cellules pré- cancéreuses sont redevenues comme des cellules saines. In vivo ils s’opposaient à la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse ainsi qu’au développement des tumeurs cancéreuses et agissent en synergie. Ils détruisent par apoptose 90% des cellules cancéreuses, sans aucune toxicité sur les cellules saines. Le Pao a deux actions que le Rauwolfia n’a pas, il est anti-viral et traverse la barrière méningée. Les deux sont anti-inflammatoires et le Rauwolfia agit très bien sur les ascites (cirrhose du foie ou cancer digestif) qu’il inhibe. Chaque préparation de Rauwolfia doit être soigneusement purifié de la présence de Réserpine qui possède une certaine toxicité. Le BG8 (dénommé actuellement Rauwolfia Vomitoria) qui a une action très proche (mais non anti-virale) fut testé chez des animaux qui ont survécu sans effets secondaires puis chez des malades qui n’ont pas eu les contrecoups de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Ignorant les cellules saines (ADN compacté) ces produits ne s’attaquent qu’aux seules cellules cancéreuses dont ils bloquent la duplication en se fixant sur leur ADN déstabilisé.  Grâce à un contrat avec l’armée, Mirko Beljanski a pu étudier longuement la radioprotection. Il a recherché les meilleures conditions permettant d’obtenir un extrait efficace et non toxique pour protéger les cellules des effets des radiations tant chez les animaux que chez l’homme. Il a utilisé pour cela les feuilles jaunes du Ginkgo biloba (arbre de la thérapeutique chinoise). L’extrait purifié en fait un excellent régulateur d’enzymes, dont les nucléases qui découpent les acides nucléiques en fragments nécessaires au fonctionnement de nos cellules, transaminases ou gamma-GT, et protège aussi des effets secondaires des radiations (fibrose, brûlures radiques). Il s’avère fort utile dans les traitements des lymphomes, leucémies et métastases au foie en association avec le Pao et le Rauwolfia Vomitoria.  Ces produits mis au point par M. Beljanski n’ont aucun effet toxique ni pour les cellules saines ni pour le malade. Ils sont aujourd’hui largement utilisés en médecine intégrative et donnent, par les bases scientifiques qui les soutendent, leurs lettres de noblesse à la médecine naturelle. 
Liliane Le Goff, Dr Mirko Beljanski, Monique Beljanski
Ayant démontré tout au long de nos recherches que la déstabilisation de l’ADN caractérise aussi bien les tissus cancéreux des plantes que ceux des animaux, nous avons testé le Rauwolfia Vomitoria in vivo et in vitro sur le cancer induit par la bactérie Agrobacterium tumefaciens. Des expériences ont été faites sur des Pois (cultivés en tube à essai au laboratoire) et sur des plants de Chrysanthème (cultivés en serre) tous infectés avec la bactérie oncogène. Chez le Pois, la croissance de la tumeur est inhibée de 80%, ou même 100%, alors que le développement de la plante demeure parfaitement normal. Chez deux variétés de Chrysanthème, des traitements ont été faits, en préventif, en concomitance avec les bactéries, ou en curatif, et cela sur des tumeurs de la tige ou au niveau des racines. Dans tous les cas, le poids des tumeurs est de 80 à 90% inférieur à celui des témoins. D’autres expériences ont été faites également sur des massifs cellulaires de Vigne-vierge cultivés in vitro en présence d’hormones (tissus sains) ou en absence (tissus cancéreux) sans ou avec Rauwolfia Vomitoria. Le poids des massifs cellulaires sains reste sensiblement stable tandis que celui des massifs tumoraux passe de 100% à 15 – 20%.  Le Rauwolfia Vomitoria inhibe la synthèse de l’ADN de la tumeur crown-gall mais reste sans effet sur l’ADN de la cellule saine, son action sur la réplication de l’ADN des tissus « anergiés » (tissus tumoraux obtenus à partir de tissus sains qui exigent de l’auxine mais peuvent à la longue sans passer) se situe à un niveau intermédiaire, ce qui répond à leur état de déstabilisation relative (état pré-cancéreux). Des expériences ont montré que la croissance de ces derniers est inhibée de 75% en présence de Rauwolfia Vomitoria. Si on ajoute au milieu de culture une hormone de croissance (l’auxine) à une dose physiologique utilisée pour la prolifération des tissus sains (ce qui équivaut à un excès dans ce cas puisque ces tissus n’en n’ont pas besoin), elle neutralise l’effet antitumoral du Rauwolfia Vomitoria alors que la kinétine (hormone de division) ne l’entrave pas. Si les tissus anergiés cultivés in vitro et traités par le Rauwolfia Vomitoria sont transférés ensuite dans deux milieux neufs, l’un sans hormones, l’autre additionné des deux hormones nécessaires à la croissance des tissus sains, ils ne survivront que dans ce dernier. Il y a donc eu une modification des besoins hormonaux ce qui signifie que les cellules pré-cancéreuses, sont redevenues des cellules saines après le traitement par Rauwolfia Vomitoria. Ces résultats corroborent ce qui a été fait in vitro : le Rauwolfia Vomitoria inhibe la réplication de l’ADN cancéreux, un peu moins si l’ADN est pré-cancéreux et pas du tout si l’ADN est sain. On retrouve un phénomène similaire chez l’animal et l’homme chez qui une hypersécrétion hormonale peut contrecarrer l’effet d’un médicament sur les cancers affectant leurs cellules-cibles. Les hormones ont aussi une forte incidence sur l’apparition du cancer végétal puisque l’ARN tumorigène ne peut agir sur les cellules qu’en présence d’auxine.  Très intéressants sur le plan théorique, tous ces résultats ont une importance pratique car beaucoup de végétaux (arbres et plantes diverses) sont souvent décimés par le crown-gall. L’agriculture et l’horticulture devraient s’intéresser à cet alcaloïde anticancéreux sans aucun effet néfaste sur la croissance de la plante. C’est formuler un « voeu pieux » car, pas plus qu’en cancérologie humaine, les « responsables » ne s’intéressent à ces questions. Les conclusions de ces expériences in vitro et in vivo chez les mammifères et les plantes sont étayées par les observations faites précédemment concernant les marqueurs des cancers animaux et végétaux. Souvent dans les phénomènes naturels un déséquilibre une fois amorcé s’auto-entretient. Il en va ainsi pour les cancers en général, ils synthétisent des molécules qui ont la propriété de déstabiliser encore plus l’ADN tumoral.  Tout au long des années 80, notre petite équipe (de cinq nous étions passés à trois) a mené de front les études qui s’imposaient dans les deux règnes, le végétal ou l’animal. Et toujours l’hostilité des « responsables » de l’Institut Pasteur, du CNRS, de nombreux chercheurs étrangers et français se manifestait, notamment ceux de l’INRA. Ils n’en démordaient pas : la cancérisation ne pouvait être due qu’à une mutation de l’ADN ou à l’intervention d’un petit ADN circulaire extra- chromosomique appelé plasmide. Alors que des faits importants en démontraient toute l’impossibilité
Liliane Le Goff, Dr Mirko Beljanski, Monique Beljanski
Et pourtant ces recherches dans tous les domaines de la vie ouvraient une voie nouvelle pour aborder le cancer, son initiation et les moyens de l’arrêter. Pour la première fois, nos recherches ont montré qu’on pouvait arrêter uniquement le phénomène cancer sans toxicité pour les cellules saines. Cela bien entendu n’est pas admis par ceux qui vivent de la chimie du cancer et qui prétendent que traiter par les plantes n’a aucun sens. Mais les faits sont là et c’est la Beauté de la Science que d’être indifférente aux intérêts humains. Des scientifiques et des oncologues refusent nos idées alors que d’autres chercheurs étrangers ont confirmé nos résultats.  Mirko Beljanski était très intéressé par la transformation qui s’opère au sein des plantes ou des cellules animales lorsqu’un agent favorise la cancérisation des cellules. Ayant découvert l’existence de la transcriptase inverse, enzyme indispensable à la multiplication des virus à ARN dans les cellules eucaryotes (bactéries et cellules humaines), il était logique de penser que les virus à ARN utilisaient cette enzyme pour s’introduire dans ces cellules et y faire leurs ravages. L’époque où M. Beljanski étudiait ces mécanismes était justement celle où le virus du Sida, nouvelle maladie sans traitement valable, faisait d’immenses dégâts chez les humains. Il décida donc de se pencher sur ce problème et pour cela utilisa les plantes.  Une perturbation permanente des systèmes de régulation peut être induite par des agents très divers. Nous avons vu qu’une bactérie Agrobacterium tumefaciens était l’agent responsable du crown-gall chez les plantes. Mais les virus, dont le génome peut être soit un ADN (virus SV40 potentiellement tumoral) soit un ARN (virus VIH pour le sida,VHC pour l’hépatite C), peuvent être oncogènes chez les plantes, les animaux, les humains, et donner naissance à une transformation tumorale authentique. C’est le cas du virus de la mosaïque du Tabac (TMV) dont le matériel génétique est un ARN. Mirko Beljanski a tout d’abord montré que le Pao pereira dont le principe actif est l’alcaloïde flavopéreirine (appelé à l’époque PB-100) se fixait in vitro à l’ARN purifié du virus de la mosaïque du Tabac donc blocage du fonctionnement de la transcriptase inverse. De même, avec le rétrovirus (virus à ARN) de l’érythroblastose (maladie de la synthèse de l’hémoglobine) dont la transcriptase inverse perdait son activité. Il montra aussi que ce même alcaloïde inhibait la réplication de l’ADN du virus de l’herpès (VSH), réplication qui cette fois s’effectue par l’intermédiaire d’une autre enzyme, la DNA polymérase. En revanche, la flavopéreirine n’agissait pas sur la réplication des ADN des tissus sains animaux ou humains (moelle osseuse par exemple). Ainsi, outre l’action anticancéreuse des alcaloïdes du Rauwolfia vomitora et du Pao pereira, s’accréditait l’idée que l’alcaloïde flavopéreirine devait en plus avoir une action antivirale. 
Réaction locale après infection par le virus TMV seul (½ feuille du haut) ou associé au Pao (½ feuille du bas). L’inhibition se mesure par la présence des plages virosées.
Cette action antivirale du Pao a été montrée in vivo sur des plants et des feuilles isolées de Tabac virosés (Nicotiana tabacum). Selon les techniques utilisées pour nos expériences, on peut avoir soit une réaction systémique c’est-à-dire généralisée de la plante, soit une réaction locale avec des lésions nécrotiques seulement au niveau des feuilles inoculées. Plusieurs concentrations de virus et d’alcaloïde ont été utilisées et l’inhibition mesurée après comptage des plages de nécrose, variable selon ces concentrations, peut atteindre jusqu’à 83%. Donc le potentiel infectieux de l’ARN viral est nettement réduit en présence des molécules de flavopéreirine ayant pénétré dans la capsule du virus. Notons que l’adsorption des virus de plantes ne peut se faire que par une blessure qui joue le rôle de porte d’entrée. Dans la nature, ce genre de transmission s’effectue par contacts de plante à plante ou plus efficacement par les graines, le pollen ou des vecteurs tels que les insectes. Les maladies virales des plantes, persistantes et souvent incurables, sont très sensibles à l’influence du milieu (lumière, température, hygrométrie, nutrition) qui peut modifier les symptômes.  Parallèlement, M. Beljanski avait montré in vitro que le Pao se fixait sur l’ARN simple brin du virus TMV bloquant ainsi l’infection des cellules de Tabac, de même il bloquait l’enzyme transcriptase inverse par laquelle les virus à ARN (VIH sida, VHE hépatite E) peuvent infecter. Il a montré également sur le virus de l’herpès (VSH virus à ADN) que cet alcaloïde était non seulement un anticancéreux spécifique mais aussi un antiviral efficace contre toute exposition à un virus. Ces résultats positifs qui faisaient l’objet d’une pré-étude sur l’action anti-virale de la flavopéreirine, ne furent pas tous publiés car plus nous accumulions des résultats intéressants plus les attaques contre le chercheur ont pris de l’ampleur et ont de ce fait limité ses conditions de travail et d’expression. Cependant,…le Sida venait d’exploser et causait des ravages. Le Pao, totalement non toxique, semblait donc une possibilité pour aider les malades. D’autant plus que la flavopéreirine est capable de franchir la barrière méningée où se loge aussi le virus. L’AZT fut mis en vente en toute urgence par l’industrie pharmaceutique pour faire face à l’épidémie. Vite il révéla des effets secondaires, peu d’efficacité et des résistances. Puis, il y eu eu le drame du sang contaminé où nos principaux opposants, par soucis de ne pas perdre des stocks de sang, ont continué à les diffuser dans les hôpitaux. Il y eut ainsi en France une flambée de malades transfusés.  Notre équipe, de plus en plus persécutée, maintint son cap. Le Pao fut utilisé avec succès chez des chats virosés (FEV, virus très proche du HIV), activité antivirale confirmée en Suisse par un éminent spécialiste. De nombreux sidéens firent appel avec succès au Pao pereira (encore appelé PB100). Mais en France, des associations de malades sponsorisées par l’industrie pharmaceutique portèrent plainte contre Beljanski et ce fut la fin de cette belle aventure anti-virus pour notre équipe… Plusieurs années après, cette industrie pharmaceutique a enfin reconnu que l’AZT n’était pas un traitement valable. Elle préparait les antiviraux actuels, raison sans doute de son opposition féroce aux travaux Beljanski. Mais à ce jour, il n’existe toujours pas de traitements sans effets secondaires contre les maladies virales, même si les trithérapies représentent un très grand progrès pour les malades.  Le nombre de virus susceptibles de provoquer une maladie chez l’homme ou chez l’animal, reste très élevé. Le besoin de bons antibiotiques et de bons antiviraux est criant. C’est d’autant plus urgent qu’avec le développement des thérapeutiques immunosuppressives mises en œuvre dans la lutte contre le cancer ou les transplantations d’organes, on assiste à la multiplication des maladies provoquées par des virus qui normalement seraient non pathogènes chez l’homme mais qui deviennent dangereuses chez les immuno-déprimés. Or pour qu’une substance anti-virale soit durablement active, il faut soit qu’elle empêche la pénétration du virus dans la cellule, soit qu’elle bloque le développement du virus à l’une ou l’autre des étapes de son cycle de multiplication et ce sans interférer avec le métabolisme de la cellule normale. Il serait bon que le Pao soit reconnu comme un anti-viral à large spectre d’action et dépourvu de toxicité pour l’organisme.  Pensons à nos plantes car nous avons plus besoin d’elles qu’elles n’ont besoin de nous. Il y a bien longtemps Montaigne a dit « Nature peut tout et fait tout. Si on sait la respecter ». Elles se débrouillent seules et se nourrissent de peu, alors que nous en avons besoin pour nous nourrir et aussi pour beaucoup elles sont la source de nos médicaments. N’oublions pas que les arbres « transpirent » et la déforestation entraîne une diminution de la pluviométrie érodant ainsi la biodiversité dans les plantes alimentaires, médicinales, cosmétiques ou autres. Certaines plantes stockent de telles quantités de métaux lourds qu’elles sont utiles pour décontaminer les sols alors que d’autres permettent même d’extraire des matières primaires telles que cuivre, zinc ou nickel. Mais il y aussi des plantes qui tuent ! Le Datura, utilisé pour tester l’oncogénicité de certaines bactéries, renferme de puissants alcaloïdes toxiques, de même la Pervenche de Madagascar, la Colchique dont 40 mg de son alcaloïde entraîne la mort, l’Aconit qui est anesthésique, même le Muguet peut ralentir les battements du coeur jusqu’à le stopper, les Digitales dont des extraits sont cardiotoniques à faible dose mais fatal à fortes doses. Ici encore, l’utilité de l‘Oncotest de Mirko Beljanski permet d’évaluer rapidement ces dangers. Mais… cela n’intéresse pas l’industrie car on n’a de rentabilité que sur les produits brevetés et… on ne brevette pas les plantes ou leur extraits.  L’étude des produits présents dans les plantes n’est pas facile. Souvent l’activité recherchée diminue au cours de la purification, les principes actifs sont en petites concentrations et les potentiels agonistes et antagonistes sont souvent présents côte à côte dans la nature. Parfois aussi l’association d’un groupe de molécules antagonise certaines ou en active d’autres. Par exemple, un potentiel faiblement cancérogène promeut l’action anticancéreuse d’un autre produit par son effet d’ouvreur de la double chaîne d’ADN. De plus, l’approvisionnement en matières premières, leur coût et leur qualité, sont tributaires des conditions climatiques et politiques des pays producteurs. Aussi est-il très important de diversifier les ressources et de constamment contrôler leur qualité. Certains pays ont pensé pouvoir développer la culture in vitro des cellules végétales, mais cela pose aussi d’autres problèmes. Sans les plantes et les arbres aucune vie animale n’est possible, nous vivons en communauté avec eux. Or trop souvent nous sommes en conflit avec la nature et sa diversité se trouve menacée, ce qui se passe actuellement avec la forêt amazonienne. La recherche agronomique et pharmaceutique, la médecine humaine et vétérinaire, et même la recherche spatiale, toutes ont besoin des plantes. Elles sont la matière première de tout un complexe technologique s’attaquant à deux grandes causes humaines, la faim et la maladie dans le monde. Dès l’Antiquité Hippocrate en vantait les qualités.  Tous les résultats acquis au cours de ce travail de plusieurs années ont montré que les plantes, à côté des animaux, avaient leur place dans les recherches de Mirko et Monique Beljanski. Seule une recherche fondamentale scientifique loin des soucis de rentabilité financière permet ce genre de résultats. Vingt ans plus tard et grâce à Sylvie Beljanski, tous ces produits d’origine végétale, actifs, non toxiques et si nécessaires, sont à la disposition des malades.  Mirko est parti mais il n’a pas fermé la porte derrière lui... Ses travaux ont été tous confirmés par plusieurs grandes institutions scientifiques américaines qui poursuivent les recherches notamment sur l’efficacité des produits sur les cellules souches cancéreuses.  Le travail effectué chez les plantes par notre équipe n’a pas toujours été facile. Nous n’avons eu accès à des serres que par la gentillesse de quelques chercheurs qui nous ont accueillis dans leur laboratoire dont notamment Madame M.Y. Aaron-Da Cunha avec qui nous avons beaucoup travaillé à l’Université P. et M. Curie. Elle nous a quitté trop tôt, on ne l’oublie pas car nous avons passé ensemble de grands moments de joie, de partage, de confiance et d’amitié.  Quand Mirko Beljanski avait commencé ses recherches, Claudie Nordau (journaliste scientifique des C. R. de l’Académie des Sciences) lui avait dit : « qu’il y avait un haut mur à percer dont les pierres devaient être ébranlées les unes après les autres ». Il a ébranlé le mur en le démontant pièce par pièce pour comprendre comment le montage était fait. 
Dr Mirko Beljanski
    « Je fus récemment traité de Don Quichotte de la Science  J’en accepte les termes s’il faut démolir les moulins à vent »  Mirko Beljanski, Revue des Laboratoires, n°65, 1978          Au moment du départ en retraite de Mirko Beljanski nos chemins se sont séparés. Il a continué ses recherches notamment sur les cellules cancéreuses du glioblastome humain traitées avec la flavopéreirine, seul alcaloïde traversant la barrière méningée. Il disposait enfin de bonnes conditions pour continuer son travail de novateur. Je fus nommée par le CNRS dans le laboratoire de Dermopharmacologie et Biologie Cellulaire à la Faculté de Pharmacie où nous étions, pour travailler sur les cellules de la peau, fibroblastes et kératinocytes. On sait que le matériel génétique est très sensible à l’action des radicaux libres. Nous avons soumis des cellules de peau à une agression radiculaire (rayons UV) et par des méthodes d’analyse cytofluorométrique, nous avons montré que le stress oxydatif a pour conséquence une modification de l’état biophysique de l’ADN de ces cellules, sa structure étant alors celle d’un tissu pré-cancéreux. Certains agents « dommageables » (rayons X, antibiotiques, médicaments anti-cancéreux) peuvent produire les mêmes phénomènes.  D’autres chercheurs ont montré par une méthode de spectroscopie infra-rouge, méthode totalement différente des nôtres, que les produits chimiques environnementaux, comme le faisaient les radicaux libres, déstabilisent les ADN et que cela conduit au cancer. Des modifications de structure de l’ADN progressent en fonction de l’évolution des cellules de l’état normal à l’état cancéreux puis métastasique. En résumé, trois méthodes différentes sur trois matériaux différents ont abouti à la même conclusion. La répétition du processus sain – précancéreux – cancéreux, tout est une question de molécule, de dose et de protection. Il a été ainsi confirmé que la formation des tumeurs cancéreuses était unique et universelle et progressive et cumulative. Ce que disait déjà un chercheur américain A.C. Braun il y a plusieurs décennies.  Les maladies à virus furent longtemps sans traitement efficace et les rares molécules capables de tuer certains virus sont souvent toxiques. M. Beljanski avait déjà montré il y a longtemps que des petits ARN-fragments étaient capables d’arrêter in vivo la multiplication de deux virus à ADN dont le virus de l’herpès. Suivant le fil de ses recherches, il aborda le problème des virus à ARN avec la mosaïque du Tabac puis du Sida, maladie complexe se manifestant par une immunodéficience, porte ouverte aux maladies opportunistes. Son travail fut discrédité et dérangeant…Mais la flavopéreirine, alcaloïde issu du Pao pereira, s’avérant efficace contre ce virus à ARN sur les plantes pourquoi ne le serait-il pas sur l’homme ? Il ne fut pas écouté et dû abandonner ce sujet… Les années ont passé… . Mais aujourd’hui pourquoi cet alcaloïde ne serait-il pas efficace contre le Coronavirus (Covid 19), virus émergent et enjeu sanitaire majeur du 21ème siècle ? Le virus du Sida a une très longue phase d’incubation d’où sa grande dissémination alors que le Covid-19 a une phase d’incubation courte d’où sa dissémination très rapide ce qui le rend mortel. Sachant que la mise au point d’un vaccin est souvent très longue alors pourquoi ne pas prescrire l’extrait de Pao pereira qui pourrait agir immédiatement ?  La liste des publications scientifiques de Mirko Beljanski et ses collaborateurs figurent dans la revue Dialogue (éditée par le Centre d’Information sur les Recherches et l’Innovation Scientifique) et à la Fondation Beljanski (New York).    Liliane Le Goff Docteur ès-Sciences ex-Ingénieur CNRS